CHRISTINE BUCI-GLUCKSMANN – 1996 Très longtemps marqué par l'étayage d'une forme flottante - sorte de corps imaginaire de la peinture -, Eric Dalbis s'est orienté aujourd'hui vers l'abstraction de voiles de couleur très clairs en surimpression , qui engendrent un effet diaphane , une palpitation de pure lumière , une vibration du plan coloré . On pensera à Rothko ou au maniérisme florentin , avec ses verts et roses vifs en aplats et sa frontalité dévisageante . Comme si la peinture d'Eric Dalbis , avec ses effets de repentir et de transformation liés aux couches très légères de l'huile , ne pouvait pratiquer qu'un art de palimpseste pour retrouver l'immatérialité auratique de la lumière . Ce qu'Aristote appelait précisément le diaphane , qui n'est pas une couleur mais le milieu même du regard . Le clair , le très clair, le très peu , crée alors un effet d'allègement . La peinture retrouve ses référents tactiles dans une matière spirituelle quasi volatile et vibratile . Si bien que la ligne toujours effacée , recadrée et perdue dans ses couches , engendre une couleur capte - lumière . La peinture n'est qu'une peau , une pellicule , une pure énergie spirituelle , qui réfléchit un espace aussi fragile et menacé que la vie . Mais comme on le sait , il peut y avoir une violence du trop doux et cette sorte d'esthétique de la raréfaction tend à l'impermanence réflexive de son objet : le tableau . |